Petite visite à l'Open World Forum

L’Open World Forum est un événement qui se tient une fois par an sur Paris, pour parler des enjeux de l’Open Source, l’Open Data, l’Open Hardware, l’Open Web, etc. Cette édition était centrée sur le thème « Take back control », reprendre le contrôle face à la NSA, aux mastodontes américains que sont Google, Apple, Facebook et Amazon et, plus généralement, à tous ceux qui veulent à notre vie privée et notre liberté. Elle s’est tenue les 30 et 31 octobre et, si je n’ai pas pu m’y rendre jeudi, j’ai néanmoins assisté aux conférences du vendredi.

Globalement, j’ai beaucoup aimé les présentations que j’ai pu regarder. Bien sûr, certaines étaient meilleures que d’autres mais le niveau général pour les tracks que j’ai suivis était très bon. En voici 3 qui m’ont particulièrement marqué.

Software development analytics for the masses

Le matin, j’ai été agréablement surpris par les tableaux de bord produits par bitergia pour des projets Open-Source majeurs. Ils reprennent des statistiques extraites d’informations publiques (dépôts git, listes de diffusion, canaux IRC, etc.) pour faire ressortir des tendances. On peut voir quelques sont les entreprises qui participent à un projet et si le temps pour qu’un patch soit accepté est similaire selon qu’il provient de l’une ou l’autre de ses sociétés (cela peut s’expliquer par le niveau d’expertise des développeurs de chaque société ou par des raisons politiques). On peut également suivre le temps de résolution des bugs au fil du temps et voir les effets de la mise en place d’une politique de gestion des tickets. Bref, c’est un très bon moyen de mieux comprendre des communautés autour d’un projet Open-Source et de se poser les bonnes questions pour qu’elles puissent travailler plus efficacement.

State Of the Art in Machine Learning

Juste après la pause de midi, j’ai pu assister à la géniale présentation d’Olivier Grisel, The state of deep learning in 2014. Après une rapide introduction sur le Machine Learning, nous avons eu le droit à 3 exemples d’application de deep learning (= réseaux de neurones avec de nombreuses couches) vraiment époustouflants. Il y avait d’abord la reconnaissance d’objets, animaux et formes sur des photos. Le taux d’erreur diminue très fortement d’année en année sur le concours ImageNet et le meilleur algorithme est maintenant vraiment tout proche de faire aussi bien que les humains sur cet exercice. Le deuxième exemple était la construction d’une représentation du sens d’un texte indépendante de la langue. La première application est la traduction d’une langue à une autre, mais plein d’autres choses sont rendues possibles via cet outil. Enfin, Olivier nous a montré qu’il était possible de construire un programme super fort sur les jeux Atari à partir d’un apprentissage sans supervision avec un signal très faible.

Le deep learning est vraiment très puissant, mais il requiert 3 choses :

  1. Des compétences très pointues sur le sujet
  2. Beaucoup de puissance de calcul
  3. De très gros volumes de données pour entraîner les réseaux de neurones.

Or Google et Facebook rachètent toutes les startups dans ce domaine, ont les plus gros datacenters au monde et on leur donne gentiment toutes nos données. Ne devrait-on pas s’en inquiéter ?

CaliOpen, correspondance sécurisée

La troisième conférence qui m’a vraiment marquée est la présentation de CaliOpen, par Laurent Chemla. L’objectif est de redonner du contrôle sur sa vie privée, pour se protéger soi, mai surtout pour protéger les autres autour de soi. Cela passe par un logiciel libre de messagerie privée (emails, chat, SMS, etc.) qui va agir sur deux niveaux :

  1. Redonner de la valeur à la vie privée
  2. Rendre beaucoup plus coûteux l’espionnage en masse.

J’espère que ce projet et d’autres dans le même style vont réussir à faire bouger les choses et réussir à atteindre d’autres personnes que le cercle très restreint des geeks. D’ailleurs, si vous êtes un développeur front, sachez que Caliopen aurait bien besoin de votre aide.

Conclusion

J’ai apprécié cette édition de l’Open World Forum. Félicitations à Florent Zara, le président de cette édition, et aux différents responsable de tracks.

Le thème « Take back control » est le bienvenu. On voit qu’on est très loin d’y arriver et qu’il reste beaucoup de choses à faire. À commencer par les organisateurs de l’Open World Forum : le site piste les utilisateurs via Google Analytics, propose de se connecter avec Twitter et Facebook et envoie des emails via MailChimp (une société américaine utilisant la plateforme Amazon). Bref, ce n’est pas gagné mais c’est un combat important pour notre futur.